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Créateurs et repreneurs

Restez chez nous et priez pour nous

Je viens de consacrer 4 mois à la mise à jour de la dernière édition de Stratégie pour la création d’entreprise.
Pendant 120 jours, j’ai erré dans les cotisations sociales, navigué dans les droits de mutation, décrypté la taxation des apports et de tout un tas d’impôts directs et indirects qui prouvent l’ingéniosité de ceux qui réussissent à prélever plus de 50 % de notre produit national brut.
J’ai tiré de cela deux enseignements. Le premier c’est que chez nous le droit social est fiscal est devenu si compliqué, que pour réussir à créer ou reprendre une entreprise, un créateur ou un repreneur devrait le fuir alors que pour éviter des surprises désagréables il devrait le maîtriser.
Le deuxième enseignement c’est que chez nous le droit social et la fiscalité resteront bien trop compliqués tant notre pays continuera de faire sienne le dicton de Pascal : « L’intérêt général est un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part ».
Mais - direz-vous - votre premier enseignement ne risque-t-il pas de faire fuir nos créateurs à l’étranger et votre second enseignement ne risque-t-il pas de les inciter à y rester ?
Fort heureusement, la langue de Sheakespear reste pour la majorité d’entre eux trop compliquée. C’est pourquoi ils vous diront bien volontiers que la France est un beau pays et que si les concurrents vont s’installer à l’étranger, ceux qui sont fidèles à leurs racines pourront en profiter. En profiter, oui, mais certains commenceront à se demander combien leur coûtera le conseiller juridique, le fiscaliste et le spécialiste en droit social auxquels ils devraient faire appel pour pouvoir se consacrer totalement à leur projet. La quasi totalité des créateurs et des repreneurs se lancent dans l’aventure avec des capitaux personnels déjà insuffisants. Diminuer leur rentabilité par des honoraires conséquents n’est-ce pas le meilleur moyen d’augmenter les risques d’échec ? Et puis, lorsqu’on est patron, peut-on faire fi de notions juridiques dont l’ignorance pourrait vous conduire devant un tribunal pour abus de biens sociaux, devant le conseil de Prud’hommes pour licenciement abusif ou devant l’inspecteur des impôts pour un contrôle fiscal justifié ?
Et le créateur de rêver d’un gouvernement qui viendrait tout simplifier… «Voyez comment on a déjà simplifié les formalités de création et la présentation du bulletin de salaire» vous diront-ils. Pourquoi ne pas aller beaucoup plus loin ? Certes, mais si vous examinez les textes qui concernent ce fameux bulletin, vous constaterez que les calculs de l’employeur restent aussi imposants qu’auparavant : 13 à 30 lignes de calculs, au moins 20 cotisations et taxes différentes à prendre en compte… un record européen !
Alors, si vous voulez éviter de naviguer à l’estime, trois solutions sont à votre disposition. La première consiste à trouver un bon spécialiste et à travailler encore plus pour le rémunérer.
La seconde consiste à épouser une (ou un) spécialiste du droit des affaires possédant une bonne culture fiscale et sociale. Vous pourriez même le rémunérer. Elle (ou il) se chargera de vous expliquer le régime fiscal du salaire des conjoints de dirigeants…
La troisième solution m’a été dictée par une phrase de Henri Bernard Shaw : «L’homme raisonnable s’adapte au monde. L’homme déraisonnable essaie d’adapter le monde à lui-même. C’est pourquoi tout progrès dépend de l’homme qui n’est pas raisonnable ».
Et si nous étions tous déraisonnables en persuadant tous ceux qui nous entourent que notre pays est capable de faire mentir le dicton de Pascal ? Peut être pourrions-nous commencer par accepter l’idée que si l’intérêt général est un cercle dont la circonférence est nulle part, le centre pourrait bien nous être imposé demain car le contrôle de beaucoup de grandes entreprises françaises nous a déjà échappé. En comprenant cela nous aurons probablement envie de valoriser nos entrepreneurs et de leur faciliter la tâche pour qu’ils ne soient pas tentés de partir à l’étranger. Accepter l’idée que nos entreprises constituent la source de nos richesses, et en tirer les conséquences, cela constituerait sans doute une révolution dans notre pays. Mais avouons qu’il serait quand même préférable que nous puissions financer nos retraites plutôt que de financer les fonds de pension de pays étrangers.

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